Millésime 2022 : une année atypique, aux faibles rendements mais à la qualité exceptionnelle
De mémoire de vigneron, 2022 aura été une année particulièrement atypique du fait de conditions climatiques extrêmes :
- Un gel très précoce au printemps (4/6 avril) ayant impacté le vignoble au moment où la vigne démarrait son débourrement, est venu endommager les bourgeons principaux. La plante a refait des bourgeons secondaires avec une grande quantité de grappes, de grains, mais aussi de grappes vides… Une taille hivernale tardive sur les 2/3 de nos vignobles a malgré tout limité les dégâts.
- À cette situation est venue s’ajouter un long épisode de sècheresse exceptionnelle. Celui-ci a débuté très précocement, dès le mois de mai se prolongeant jusqu’à fin septembre. Le cumul pluviométrique pour les 9 premiers mois de l’année 2022 était de 315/320 mm d’eau contre 600 mm sur une année normale.
Des rendements très bas
De ces conditions météo extrêmes découlent des rendements particulièrement bas. (Entre 30 et 40% de pertes) :
- Sur les Pessac-Léognan, tant blancs que rouges, rendements tournant autour des 30hl/ha. (À l’exception du Château de Cruzeau, aux terroirs plus argileux, avec des rendements de l’ordre de 42/43 hl/ha) ;
- En Entre-deux-Mers, au Château Bonnet, tant blancs que rouges, on est à 40hl/ha ;
- Seul le vignoble de Barbe Blanche tire son épingle du jeu, avec 45-47 hl/ha. Cela s’explique par la taille tardive du vignoble et l’altitude plus élevée de son vignoble.
- Sur des terrains très argileux, là où les racines de la vigne étaient profondes, les rendements sont un peu meilleurs et la sècheresse a eu moins d’impact.
La vigne réagit aux changements climatiques. Une année de sécheresse exceptionnelle comme 2022, la plante s’est adaptée. Pour résister au manque d’eau, elle a puisé l’eau contenue dans les baies de raisins, à partir du 20 août.
Au 15 août, une pluie, assez conséquente survenue en Pessac-Léognan a été particulièrement salvatrice, donnant un bon coup de fouet à la fin de la véraison et à la maturation.
Un état sanitaire parfait offrant des conditions idéales de vendanges.
Les années se suivent et ne se ressemblent pas … Si 2021 avait été une année difficile sur le plan sanitaire, le millésime 2022 est tout son contraire. L’ensemble des vignobles est arrivé jusqu’au moment des vendanges en parfait état sanitaire.
Une telle situation a offert à nos équipes le luxe de pouvoir choisir avec précision et sans précipitation la date de récolte idéale pour chaque parcelle : un véritable travail d’orfèvre.
Ces dates de vendanges ont été particulièrement compliquées à décider, du fait d’un décalage entre la maturité technologique (taux de sucre, acidité, PH dans le raisin) et la maturité phénolique (maturité de la peau et du pépin). La maturité phénolique a été un peu longue à venir, du fait des conditions climatiques (notamment pour les cépages blancs). La plupart du temps, nos équipes ont fait le pari d’attendre et ce pari a finalement payer. Ces vendanges 2022 ont été particulièrement étalées dans le temps, débutant le 18 août et se terminant le 11 octobre.
Millésime 2022 : un potentiel qualitatif exceptionnel !
Petites quantités certes, mais qualité exceptionnelle en prévision sur l’ensemble de nos propriétés. Le millésime 2022 s’avère extrêmement prometteur.
Les blancs
Les jus sont un peu plus riches en sucre que les années précédentes.
Au niveau degré, au château Bonnet on devrait être aux alentours de 13° au lieu de 12,5° (en année classique).
Les rouges
2022 est sans aucun doute la Grande Année pour les vins rouges : tout est généreux.
Ce type de millésime, très particulier, a demandé une grande précision et beaucoup de finesse en termes d’extraction, notamment en fin de fermentation alcoolique. Le piège serait de tomber dans la sur-extraction. Les vins sont déjà très riches, en tanins, en anthocyanes, en composés phénoliques.
On obtient partout des jus très riches. Les degrés sont légèrement plus élevés que pour une année classique, acidité et fraîcheur sont également au rendez-vous. Du fait de raisins un peu moins juteux (sècheresse oblige), on a un rapport marc sur jus, avec davantage de peau que de jus, ce qui donne des vins particulièrement colorés.
- Les vins de Château de Barbe Blanche, d’une couleur pourpre presque noire, s’annoncent d’une qualité exceptionnelle.
Au château de Cruzeau, nos carménères s’annoncent particulièrement réussis… - Le vignoble de Rochemorin est sans doute celui qui a le plus souffert de la sècheresse (perte de 40% des volumes). Mais ce terroir nous offre toujours des choses étonnantes : qualitativement, les vins présentent en effet une belle homogénéité, avec de la fraîcheur et un très joli équilibre en bouche.
- Au château La Louvière, le meilleur des cépages est également au rendez-vous. Les vins sont ici très colorés, très fruités, avec des degrés très classiques et relativement modérés (13°5, sans doute une spécificité liée au terroir).
- Pour les rouges de Château Couhins-Lurton, 2022 est synonyme d’excellence. Là encore, un terroir d’exception, la vinification en petits contenants sont des atouts majeurs.
Au jeu des comparaisons, 2022 pourrait rivaliser avec le millésime 2010, particulièrement réussi à Bordeaux… mais avec des rendements moins généreux, mais qui ont sans aucun doute joué sur la très grande qualité de ses vins.
Au jeu des comparaisons, 2022 pourrait rivaliser avec le millésime 2010, particulièrement réussi à Bordeaux... mais avec des rendements moins généreux, mais qui ont sans aucun doute joué sur la très grande qualité de ses vins.
Ce type de millésime, très particulier, a demandé une grande précision et beaucoup de finesse en termes d’extraction, notamment en fin de fermentation alcoolique. Le piège serait de tomber dans la sur-extraction. Les vins sont déjà très riches, en tanins, en anthocyanes, en composés phénoliques.